Ce qui relie ce corpus de dessins, c’est le désir de voir à travers , de ressentir, de percevoir ce qui se joue chez l'autre : un état d’être, des émotions, des sensations, des micro-mouvements. Observer c'est entrer en relation. Contempler un visage, un corps, sa présence, son énergie.
Faire vivre l’autre en moi à la recherche de mes propres images : Laisser apparaître un monde parallèle, un autre espace, une autre dimension, un peu comme dans un rêve. Superposer des univers qui cohabitent. Des images qui se superposent. Parfois des mots, en sourdine. Des images intérieures en mouvance, en constante transformation. Saisir l’éphémère. La trace. Entre apparition et disparition.
C’est pour cette raison que j'utilise des papiers blancs ou translucides (papiers de soie, papiers japonais, papiers Vellum et géofilm). Les papiers agissent comme de fines couches de peau, diaphanes, fragiles, presque immatérielles. Faire apparaître ou disparaître les formes dans la lumière parfaitement blanche. Plein feu. Sensation d’un espace neutre, vide, en pleine lumière. Un non-lieu. Un espace onirique. Un passage. La sensation d’un monde flottant. Apprivoiser la fragilité et la sensibilité de ces papiers réceptifs. Y laisser la moindre trace, le moindre mouvement, le moindre pli, le moindre creux.
Ma manière.
Je dessine et je peins surtout par soustraction, un peu comme un sculpteur. J’aime que mon corps et mes traits “dansent” dans l’espace et sur le papier. Je crée une matière organique puis je la retire en partie, j’épure jusqu’à ce que j’obtienne la forme et l’effet désirés. J’utilise principalement du graphite, du fusain compressé, des pastels à l’huile, des encres acryliques et de l’encre japonaise, un médium à peindre, des mots découpés et des fils de soie.